Túlébé Tw’ ébembe

Les proverbes bembe

 

Reccueillis et commentés par

 

Utukufu N. A. Misabiko

 

INTRODUCTION

 

Dans cette partie, nous parlerons brièvement des points suivants :

1.      Proverbes et maximes bembes ;

2.      Les Babembe et leur terre ;

3.      Difficultés d’une littérature en Ébembe

 

Les maximes et les proverbes sont les moyens souvent utilisés par les sociétés à tradition orale pour transmettre préceptes et règles de conduite. Nous avons recueilli quelques proverbes qui véhiculent la sagesse Bembe. Ces proverbes, évoqués aussi bien pendant les palabres que dans toutes les circonstances de la vie quotidienne, peuvent traduire la façon bembe de percevoir le monde ou ce que les philosophes appelleraient le « Weltanshauung Bembe ». Les proverbes sont des sentences courtes utilisées pour justifier un comportement, expliquer un phénomène, prévenir un fait (mettre en garder contre un danger ou annoncer un événement), ou simplement pour enseigner.

Ainsi, par exemple, d’une personne qui retrouve ses anciennes habiletés après une longue période de répit, on dira :  « Asúngile ta’ani’aka ». La traduction littérale serait: « Celui qui a nagé ne coule pas ». Cela veut dire que les connaissances aquises ne se perdent jamais complètement et, même longtemps après, on peut toujours s’en servir.

Lorsqu’on répète une menace, on finit par par l’exécuter. De cela, on dit : « Holocaloca éma msahi i habúkyabú’élo bwa nguku ». Lorsqu’un singe montre souvent un doit à un point de la berge, c’est qu’un hippopotame va en surgir de l’eau ».

Au cours de l’histoire des Babembe, les proverbes ont donc servi de texte juridique et de code de conduite. Un juge pouvait condamner un fautif sur base d’un proverbe. Et de grandes décisions politiques ou familiales se prenaient en se conformant à ce que disaient les proverbes.

 

Qui sont les auteurs des proverbes ?

 

Comme la plupart des sociétés à tradition orale, les Bembe ne signaient pas leurs oeuvres. Aucun objet, aucune initiative ni un dicton ne porte la marque de son auteur. On peut toutefois entendre associer des noms des personnes quasi mythiques à certains maximes. Par exemple, si vous demander un conseil à quelqu’un qui n’a pas l’intention de donner son avis, vous l’entendrez dire : « Byomona ! byatenjile Enyekele ». Cela signifie : « "Faites ce que bon vous semble", a dit Enyekele ». Personne cependant ne connaît grand chose de cet Enyekele.

Les proverbes sont donc anonymes et ils remontent dans la nuit des temps. Tout le monde se convient de reconnaître que ce sont les ancêtres qui les ont légués à la progéniture. C’est ainsi qu’au début de chaque intervention, on déclare : « Les ancêtres ont dit :… » ou simplement : « Les Babembe ont dit :… »

 

 

Les Bembe (Babembe) et leur littérature

  

Les Bembe (Babembe), sont une population de l’actuel République Démocratique du Congo. Ils occupent, dans le Sud-Kivu, l’espace géographique situé à l’ouest du lac Tanganyika, à l’est des territoires de Shabunda et de Kabambare, au nord du Katanga au sud du territoire d’Uvira. Il se prolonge, vers le nord-ouest, dans le territoire de Mwenga pour former en tout ce qu’on appelle : Fizi-Itombwe. En effet, quatre des cinq collectivités de Babembes se trouvent dans le territoire de Fizi, tandis que l’administration de la cinquième a été confiée au territoire de Mwenga.

La terre des Bambembe est donc divisée en cinq collectivités suivantes :

- Sur le territoire de Fizi : Lulenge, Mtambala, Ng’angya (Nganja), Tangani’a (Tanganyika).

- Dans le Mwenga : Itombwe. 

La population préfère se désigner du nom de Babondo et leur langue s’appelle Ébembe ou Ébondo.

La culture bembe est, comme la plupart des cultures africaines, celle de la tradition orale. Les premières tentatives de transcription de l’oral à l’écrit de la langue bembe a commencé avec l’effort de la religion chrétienne protestante de se rependre dans le Bubembe ( le territoire des Bembe). Les pionniers du bembe écrit, sont donc les adeptes de la religon chrétienne protestante qui ont, vers les années 1950, d’abord commencé par écrire des chants religieux et par les diffuser dans des brochures. Nous pouvons mentionner ici quelques noms tels que Abekyamwalé, suivis plus tard par Akúlú Ilangyi, Jonas Ngabwe, etc. Ces pionniers ont compilé des cantiques en langue bembe dans un livre intitulé Nyémbo ca  Úhangya Abeca (Chants de louange à Dieu). La première édition de ce livre de cantique a été immédiatement suivi par la parution de l’évangile de Saint Marc traduit par Abekyamwalé sous le titre de Munjange (Suivez-moi). Quelques noms pourraient avoir précédé ceux que nous venons de citer dans l’aventure de la création de la litéraure bembe écrite, mais nous n’avons pas été en mesure de trouver un document en langue bembe antérieur à ceux que nous avons mentionnés. Longtemps plus tard, sur une période qui s’est étendue des années 1970 aux années 1990, le Nouveau testament (suivi de la Bible intégrale) a été traduit sous la direction de l’Église Libre Méthodiste du Congo dont le siège social se trouvait à Mshimbakyé, Baraka, dans le Sud Kivu.

 

Le fait que l’écriture ait été introduite par la religion chrétienne protestante comporte deux conséquences principales : l’adoption de l’écriture gréco-latine et l’exclusivité des thèmes religieux  dans la littérature bembe écrite. Comme nous le verrons plus tard, l’utilisation de l’alphabet greco-latine pour transcrire la langue bembe pose un certain nombre de problèmes linguistiques. Nous verrons que l’Église protestante (Libre Méthodiste), la seule à s’intéresser vraiment à moderniser cette langue, n’a pas encore résolu le problème que pose une langue « à ton ».

En outre, la littérature écrite bembe est encore très pauvre et se limite à la diffusion du message biblique. Ce manque d’intérêt de la part des Babembe d’écrire dans leur propre langue est dû, entre autres, à la non résolution du problème linguistique mentionné ci-haut. En effet, aussi longtemps que certaines règles, tenant compte de la classification du bembe parmi les langues bantu à ton, ne seront pas clairement établies, un texte en Ébembe pourrait ne pas être compréhensible. Nous croyons souvent que ce problème est simple. Cette illusion de la simplicité nous vient du fait que nous sommes capables de lire facilement le Nouveau Testament en Ébembe et d’en comprendre sans ambiguïté le message. La question que nous pouvons honnêtement nous poser est la suivante : «  Ne comprenons-nous pas ce texte parce que nous l’avons déjà lu au préalable dans d’autres langues ? »

 

Avant de faire un bref aperçu de la phonétique bembe voyons d’abord l’exemple suivant.

Ma’ina makyú’úwa

Ce segment de phrase peut signifier :a) la danse (ou le jeu) se termine (habituellement)…Il peut encore signifier b) la danse (ou le jeu) qui se termine…Ces deux phrases sont très différentes. Si en français la différence se situe au niveau du relatif « qui », en bembe la différence se trouve au niveau de la présence ou de l’absence de la tonalité à la syllabe « kyú » de makyú’úwa. Ainsi, « makyú’úwa » signifie se terminent d’habitude, tandis que « makyú’uwa » (les caractères gras marquent la tonalité), signifie qui se termine. Ces deux phrases, qui se prononcent d’ailleurs différemment, sont pourtant écrites de la même façon par MSHIMBAKYÉ, le centre de l’Église Libre Méthodiste du Congo, chargé de la traduction de la bible en bembe.

 

Bref aperçu de la phonétique bembe

 

«Bembe » est le radical du mot Ébembe, comme disent ses locuteurs, ou Kibembe selon les langues voisines. Dans ce texte en français, nous utiliserons le radicale pour désigner cette langue, sans oublier que les locuteurs l’appelle Ébembe.

 

Langue bantu, le bembe se classe dans la catégorie des « langues à ton », avec sept (7) voyelles et dix-huit (18) consonnes.

 

Les voyelles sont les suivantes :

 

a ; comme dans papa. Exemple : alakano.

ε ; e ouvert comme le son ai dans aide

;  fermé comme dans été

i ; comme dans idéal

      o;  fermé comme dans eau

u ; comme dans outre

] ; ouvert comme dans or

 

Remarque

Le centre de Mshimbakyé à adopté les lettres e, é, ú et o pour transcrire respectivement les sons e, e, o et ].

 

Symboles linguistiques pour voyelles

Les mêmes sons transcrits par Mshimbakyé

e

E

E

E

O

U

]

O

 

 

Le Centre de Mshimbakyé a préféré utiliser le signe de l’accent pour distinguer un son ouvert d’un son fermé. La difficulté reste maintenant de trouver un symbole pour exprimer la tonalité, c’est-à-dire l’élévation de la voix sur certaines syllabes. En phonétique, l’accent sur une voyelle marque le ton sur la syllabe. Cette faille, comme nous l’avons mentionné, rend le sens de certaines phrases ambigu.

 

Voici les consonnes :

 

b    Ce son est toujours mou. Une oreille attentive pourrait entendre une légère aspiration comme bh.         

c    se prononce tch, comme dans Tchèque.

d   est toujours précédé de n et se prononce nd comme dans Indien.

f     comme dans Famille.

g    se précède toujours de n et se prononce ng  comme dans Angola.

h    aspiré comme dans Home (en englais).

j     toujours précédé de n et se prononce nj comme dans engineer (en englais).

k   comme Kilomètre

l     comme Là

m comme Maman

n    comme dans Nadine

p    comme dans Papa

s    comme dans Solo

t    comme dans Tite

w   comme dans Water (anglais)

y    comme dans Yéyé

ny             se prononce comme le gn de ignorant

ng’ comme le dans ring (anglais)

 

Remarque 

 

Les lettres d, g et j sont toujours précédées de n.

 

La tonalité

 

Le ton, comme nous l’avons dit, est d’une importance capitale dans la langue bembe, car il marque une différence significative entre deux mots qui s’écrivent à l’aide d’une même succession des sons.

 

Pour marquer phonétiquement l’élévation de la voix, c’est-à-dire le ton, on utilise le signe de l’accent aigu ( ! ). Toute voyelle marquée d’un tel signe signifie que la syllabe dont elle est élément est accentué.

 

 

Exemple :

La différence entre ikaba (partager) et ikaba (crier) réside en ce que la syllabe KA de crier est haute. Phonétiquement il s’écrit ikába.

Le Centre de Mshimbakyé, dont nous allons utiliser la transcription pour écrire les proverbes bembe, ne se soucie pas beaucoup de la question de la tonalité qui est pourtant de grande importance. Il utilise l’accent aigu uniquement sur e pour produire le son « e fermé » (é) et sur u pour produire un « o fermé » (Voir les voyelles).

 

Notre but n’étant pas de discuter de la linguistique bembe, nous nous contenterons d’utiliser l’écriture avec laquelle la majorité des Bembe est familiarisée.

 

Nous mettons cependant les lecteurs en garde contre l’ambiguïté des sens que produisent des mots dont la seule différence orthographique réside sur la tonalité, dans une langue qui n’a pas de symbole pour marquer la tonalité.

 

Proverbes et significations

 

Dans la liste alphabétique suivante qui n’est pas exhaustive, nous présentons les proverbes les plus usuels. Ensuite, nous donneront la traduction littérale, l’explication et l’exemple d’emploi de chacun d’eux.

Liste alphabétique

1.      Abwa a’él’úhéba alé a batú bose.

2.      Abwa ahekyice mnyakyé m mamina.

3.      Abwa ahule makyé mw’ilemba.

4.      Abwa asú’wikyakala n’obo’o ibe abebwa.

5.      Abwa tatenda, na malango ú mtéma.

6.      Alala mnda i obe.

7.      Amba na amba ciminaka ciléngyé.

8.      A mnobe a’úlalé’ya na ngyala na hilya hú’únde.

9.      Ani a hi’oma ta’a’ukyake na makyé.

10.  Anwa a msoshi ana’énu’e, ta’atendaka búpé.

11.  Anyonyi aleya ngyala akyúitobola étolelo.

12.  Anyonyi amo ta’aky’ úbela ese’e.

13.  A’oma ahimba mmalé nobe tú’abé’e mndalala.

14.  Asúngile ta’ani’aka.

15.  Ashika amba alé a mlénda.

16.  Até abindakwa a’élé búbésé.

17.  Aya mnda ta’ahilobwa.

18.  Bamwico ndendele, nahibwa asamba, asamba tacimina lélé cinyo lya ngyoku.

19.  Ba’oso’e babélé tabakye’elaka éni (hamo).

20.  Batú i bilema.

21.  Bisa bisúla, ta’úlé mcimu húbiswa nyama.

22.  Búhébé bwa ngyoku ato’ya, walúmb’ úsénga  anga walúbúla.

23.  Búnibúni m bú’úngú.

24.  Bú masu búcici, bútocaka isambwa.

25.  Bú’oso’e bwa mbeleke bwayengile i’ésa lúkalé.

26.  Bwana bwa éma, útengyana ti ú’élanya.

27.  Bya’únda mwene mcwe, i byaky’úbekwa.

28.  Ca mlúngú cikyúbula, le’ele cúba.

29.  Cémi húlé mciko wa makyúkya, wanyema na tawanyema.

30.  Cina lya mtú i tonji.

31.  Ébando ‘ya mlumyana ta’écimbaka u makyé.

32.  Élongo i bita.

33.  Énwa lélé itúkú, léna’éla ibe lya’éla.

34.  Ésanju ébé iky’ú’alakwa na mtemi, éswé mwene na ‘yake ta’éhalakaka.

35.  Esisombe wa mwitú, mlangamsenge tasombe.

36.  Ésola ‘ya mbele énabola, byose byabola.

37.  Étanda úsú’a ta’éléngyé na mitanda.

38.  Étonde élé ‘ya w’itangéla.

39.  Hasaka cinyo i haky’úhétanahétana lúlami.

40.  Hiké lyasongúcile anyonyi.

41.  Hokombakomba mtumbé nondo, anga tahalé bwake bolongé, halé bwake bosonu.

42.  Hosongasonga éma msahi i ha búkyabú’élo bwa nguku.

43.  Húbisabisa aya nyama, hú’úlya heyo na beni ?

44.  Húbwéla wabo tatendaka m lúkúngyú.

45.  Húlé na mweko i húlé na lu’u.

46.     Húlé n’eseba i húlé na búkanga.

47.  Húmina na wabo ikyútanga úkúlú ‘w’elema ú mbele.

48.  Húmúléla nyo’okyé twi’yane a’onga n’alolo.

49.  Hútala pala takyú’onga bifulu’ucu.

50.  Húyaka msoka, túmlole ú búshú.

51.  Ibúcwa i wabula, ngena tabula.

52.  Ilémbo ly’ú’úcwa ibaci liky’útanga túhubahuba.

53.  Lúbélolúbélo anyekele awa mbúka.

54.  Lukendo lúlé na pe’ya.

55.  Lúkúlú lwa’únjwa na ma’ina, anga ta’wa’yelwa ibe úhile.

56.  Lusuku lwabota mmbalé i lúkyúcika mlúndú, bana ba mbalé basúlala úléhé ?

57.  Lúshotenga ha ci’o hibe lúlé lúkénga.

58.  Macimo mabélé m étúmba tahélé súbya.

59.  (Makyé macikya) Mahisukúléla (mahihitéléla) mtu himwene, tamabékyaka na nyongobelo.

60.  (Makyé) Malé mw’ hitú, makyúhénjwa na mange(makyé).

61.  Makyé mana’ébwacwe ú búshú, búkelelo ú abocu.

62.  Makyé mana’écikye, tamahibélélake ng’anji.

63.  Makyúkana banu’e, mahoto’ele basoshi.

64.  Malanda úbonga malé malya.

65.  Masanda i lúci, na matú i mtú.

66.  Masoka ékúnda.

67.  M bibúmbúlú i m bikyé, na m búlombwe i m binwa.

68.  Mbúci hikyúléla hayakangwa.

69.  Mcimu wa samba bihéndébihéndé.

70.  Meso ma mbalé (makyú’úba) ú babaki.

71.  Meso mamonaka búle, mahibéléle mmembe mwana wa nyina.

72.  Milenge ya mwana yabangyice nyina.

73.  Mkeni alé mkanda wa mwene mbúka.

74.  Mkye’eci talékyaka hi’ala.

75.  Mlé binge i mwikyúhingéla binge.

76.  Mlénda bwenge, amba bwenge.

77.  Mléndéléci alile mbúci.

78.  Mlonjwa amone’ile na mlondani anacimina.

79.  Mlúmyana akalú’aka ú éngo, takalú’aka ú énwa.

80.  Mmbéngwa mwana wa mwami na mmbéngani mwana wa mwami.

81.  Mmibi alé mmbunjwa obo’o.

82.  Mnda mulé ngyala tamucucaka asoka.

83.  Mnobe amúlela tútende ‘abwa’ (anac’útenda ‘na’wa na abwa’).

84.  Mwana wa mbúci bibéngya ibe mnda mule lú’e’wa.

85.  Msahi húmo tahúbelaka shici.

86.  Msahi wa msoshi wahe’ice abwa cémi.

87.  Msahi wa’o’ema na ma’ina wahúbé’a hasé.

88.  Mshilé tahútamba ibe wanyemenwa.

89.  Mshilé akakya walé nake.

90.  Msúlé wa m numba i húbúcaka wa hambúka ( wa  m’ éswe).

91.  Mtenji atende, manu’ya mlúndúbúci, imoni wa maha.

92.  Mtú ikyúhitúnina wake mmele.

93.  Mtúmwa talé mangi, mtúmani i mangi.

94.  Mwanu’e akakyice yake henyo, anahékyakala na até.

95.  Mwana akyúnena m mbe’o lúnge ahe’elwe hemo.

96.  Mwana ase’aka na cémi ly’ úyaka  mnyakyé.

97.  Mwana asenaka (tubi) tw’anena.

98.  Mwana ikyúmanya mahela, ashilúbe ma’o’a.

99.  Mwana wa o’o takyúlaka nyúngú anga mnyakyé talé úmanda.

100.          Mwana wa shingé húlé mkoci, húnakutú’a ibe alala bú’úkú.

101.          Mwana wa ubi tabé’aka túheke ú makúlú.

102.          Mwanyatéla bwato i mwake mkongo.

103.          Mwene mbúka, binwa bi’úmbe.

104.          Mwene ngoma takambaka, aky’úhanuna.

105.          Mwico hobe hú’úwa hicimo akyúhanja ú msoso.

106.          Ngena i nondo.

107.          Ngoma malekya ibe myakyé w’inobe i wa’wa.

108.          Nguku na nguku na lyake ikyabú.

109.          Nikyé byose (nikyénikyé) alile m’mima bútúhú.

110.          Nina’ébe shabúta mwana, wa yaya úmbúca maha.

111.          Nishikyé nitende na ngyéla, hisanisani yambe’a msahú.

112.          Nishilé mútengya makunda mango sakila cina’éla.

113.          O’o héna’wa ibe na maké mabola.

114.          O’o yalala msenge, héshile ‘wale.

 

115.          (O’o) Tahé’ukyaka tayatenga.

116.          Tasúngúlwa acule na msala ú mambwe.

117.          Tata húnanjikéle mbúci, batú balé na etenja. (Wanjikéla batú wanjikéla etenja)

118.          Túkakyekakye andéndé, andéndé hingé hi’ékongyé.

119.          Túnaboca cala túse’e ya mnobe hélé múnu’a.

120.          Túnakanga ébé, tútende walala na ngyala.

121.          Túnatenda mcwe wa mbúci húlé na ma’uwa, kai’úme hobe.

122.          Tú’wisémba wa’ule ibe húlé ú mweko amú’éta masoka.

123.          Túye bita túlé na balanga bana’úléla.

124.          Túye lúnge (lúkendo), lwa mbele lwabongile.

 

125.          Úbisabisa úlé úboca.

126.          Úbwéla tahungwa, úl’úfu’a makyé ú mkongo w’ibata.

127.          Wa’angilwe na mbúlú, ikyú’ú’wa boba na hélé ú ngoma.

128.          Wabatabata alile suna.

129.          ( Ma’ina) Wa make wa make, búsanganino ú ngoma.

130.          Wanena msenge i msonda.

131.          Wa ng’anji talangakwa aya.

132.          Wapéma makyé, wapéma mcu.

133.          Washika bútúnga, walúbúla mweko.

134.          Wa’únda é’úni, na bwake búnyekele bose.

135.          ‘Waya lúkyé i ‘wikyaka na mabwe.

136.          Wenu ú mbele.

137.          Witangéla i mwene bwake búkanga.

138.          ‘Yacwa bibé ikyúkombwa bibe.

139.          ‘Yakúlú’a ta’yatenda, élé ‘yanji.

140.          Ya m’múlú m hobe mkono.

141.          Yashika lúhúto hélé y’ itúndú.

142.          ‘Ya’úta m’mibi, mkongo tahe’a.

143.          Ya’wa tahésambaka na hélé ú mweko ( na hélwete).

144.          ‘Y’élongo ta’énihaka.

145.          ‘Yúla iky’úlolelwa ú mitandú’éci.

 

Traduction littérale, explication et mise en contexte des proverbes

 

Abréviationa :

 

Lit. : Traduction littérale

EXPL. : Explication

Ex. : Mise en contexte (ou exemple)

 

A

1. Abwa a’él’úhéba alé a batú bose.

 

Lit. : Lorsqu’un chien est encore en mesure de faire la chasse, il appartient à toute la communauté.

EXPL. : On utilise plus souvent la forme abrégée de ce proverbe. En effet, sa suite pourrait se traduire comme : « …Lorsqu’il tombe malade ou qu’on le retrouve mort, on cherche à savoir qui, en réalité, en est le maître. » Personne ne veut prendre la responsabilité de ses soins ou de son inhumation.

EX. :  On prononce ce proverbe dans différents contextes. Il peut s’agir d’une personne qui s’éloigne des siens pour s’associer aux étrangers. On lui prévient alors que le jour où un malheur lui arrivera, ceux qu’elle prétend être ses nouveaux amis s’éloigneront d’elle et elle ne pourra trouver de secours que parmi les siens.

On utilise cette sentence également pour dénoncer les gens qui ne s’associent à la besogne que lors qu’ils voient une perspective de succès et s’enfuient lors qu’ils voient l’entreprise battre de l’aile.

 

2.      Abwa ahekyice mnyakyé m mamina.

 

Lit. : C’est sous forme de jeu qu’un chien est parvenu à s’accoupler avec sa mère.

EXPL. : L’acte le plus interdit est l’inceste entre un homme est sa mère. On peut toute fois y parvenir en commençant par un premier pas qui consiste à banaliser le geste. L’habitude et les jeux peuvent jouer le rôle de préliminaire à un acte qui exige de beaucoup de témérité.

EX. : Si vous voulez gardez votre distance par rapport aux gens sans scrupule, ne leur permettez pas de vous approcher sous aucun prétexte. Ils pourraient en abuser pour vous rendre ridicule. Alors, pour justifier votre attitude distante envers eux vous dites : « Abwa ahekyice mnyakyé m mamina. »

 

3.      Abwa ahule makyé mw’ilemba.

 

Lit. : Le chien parvient à terminer de l’eau en lapant.

EXPL : Un geste, quelque petit soit- il, ne doit pas être négligé. Un petit effort ajouté à un petit autre pourrait produire un résultat énorme.

EX : On entend souvent ce proverbe lorsqu’on essaie de minimiser un geste humble posé posé pour un objectif plus grand. Si par exemple, pour construire votre maison vous par fabriquer une seule brique, vous pourrez répondre à ceux qui vous trouvent trop lent : « Abwa ahule makyé mw’ilemba »

 

4.      Abwa asú’wikyakala n’obo’o ibe abebwa.

 

Lit : Lorsqu’un chien se met à se gratter par ses pattes de devant (ses bras), c’est qu’il a réellement mal.

EXPL : D’habitude le chien utilise ses pattes postérieures pour se gratter. Si on le voit faire le même geste à l’aide de ses pattes postérieures, on sait immédiatement que quelque chose ne va pas. Cela pourrait signifier que l’animal est à bout de ses souffrances.

EX : Même les gens réputés pour leur patience, leur douceur ou leur passivité peuvent changer d’humeur et devenir agressive si la situation les y oblige. On dit alors, si untel s’est mis en colère, c’est que vous lui avait vraiment causé du mal.

 

5.      Abwa tatenda, na malango ú mtéma.

 

Lit : Le chien ne parle pas, cependant son coeur est plein de sagesse.

EXPL : Les gens les plus silencieux sont souvent ceux qui ont un bagage de connaissances énorme. Dans des villages, les individus qui paraissent en marge de la société sont souvent des gardiens des secrets de la communauté entière.

EX : De quelqu’un qu’on traite d’imbécile, mais qui parvient à réaliser un exploit, on dit : « Abwa tatenda na malango ú mtéma. »

 

6.      Alala mnda i obe.

 

Lit : Contentes-toi de ce que tu loges dans ton ventre (seul ce qui dort dans ton ventre t’appartient).

EXPL : Ce proverbe est à peu près l’équivalent de  « un tiens vaux mieux que deux tu l’aura ». Loger quelque chose dans son ventre signifie manger. La part que tu peux prétendre t’appartenir réellement est celle que tu as mangé. Le reste n’est pas sûr. On est ici en présence d’un « carpe diem » exprimé selon la vision bembe du monde.

EX : Si on te dit de garder une provision pour demain et que vous répondez « alala mda i obe », vous signifiez simplement que vous n’êtes pas sûrs de survivre pour jouir de votre provision.

 

7.      Amba na amba ciminaka ciléngyé.

 

Lit : Les chimpanzés jouent ensemble selon leurs rangs.

EXPL : Qui se ressemble s’assemble. Les gens se regroupent selon leurs affinités.

EX : Ne cherche pas intégrer une caste, une classe ou un rang auquel tu n’appartient pas. Ce maxime va aussi bien pour les snobs que pour ceux qui rêvent de fréquenter les une société hors de leur atteinte.

 

8.      A mnobe a’úlalé’ya na ngyala na hilya hú’únde.

 

Lit : Une nourriture qui appartient à autrui te laisse mourir de faim et d’envie de manger.

EXPL : Un bien quelque abondant soit-il, s’il ne t’appartient pas, ne peut pas satisfaire tes propres besoins. Ne compte que sur ce qui t’appartient.

EX : Ce maxime est évoqué lorsqu’on a mis trop d’espoir sur des promesses qui se sont finalement avérées irréalisables.